LEZIACUS, qui deux siècles plus tard devint LEZAY, est mentionné dans la charte de l’an 1060 citée par Jean Besly dans son Histoire des Comtes de Poitou.
    Un menhir se dressait au lieu-dit « La Pierre Levée ». Ce qui en restait à été détruit vers 1965. Il ne reste plus rien du tertre protohistorique du « Champ de la Motte » ou « Champ des Chails », fouillé en 1872 par le juge archéologue Babert de Juillé.

La baronnie et le marquisat

La baronnie de Lezay relevait autrefois de la baronnie de Celles-Levescault (Vienne), appartenant à l’évêque de Poitiers. Louis XIII, en 1642, éleva la baronnie de Lezay en faveur de Hilaire de Laval.
Le marquisat de Lezay étendait sa juridiction sur des territoires plus ou moins étendus des paroisses de Clussais, Lezay, Saint-Vincent-la-Châtre, Saint-Léger-lès-Melle, Saint-Coutant et Sainte-Soline, sur la seigneurie de la Saisine et divers autres fiefs.
Lezay dépend de la sénéchaussée et de l’élection de Poitiers. Vers 1110, Josselin de Lezay, continuant la série des actes de réparation dont il avait déjà donné quelques témoignages, reconnut qu’il avait frauduleusement vendu à l’abbaye de Saint-Séverin les églises de Lezay jadis données par son père à l’abbaye de Saint-Maixent.
Simon 1er de Lezay (vers 1195) est le premier de cette famille issue des Lusignan.
Son fils, Simon II, chevalier, seigneur de Lezay, épousa la fille de Savary de Vivonne, seigneur de Bougouin.
Simon de Lezay troisième du nom, conclu, en 1226, un arrangement avec les religieux grandmontains du prieuré de la Carte, paroisses de Celles et de Vitré, à propos d’un droit de dîme qu’ils prétendaient détenir sur les blés collectés en la grange de Lezay.
    En 1295, les descendants de Simon IV se partagèrent ses biens. Simon V eut la terre de Lezay. Le domaine des Marais échut à Hugues, représentant la branche cadette.
Simon VI étant mort sans postérité en 1384, la seigneurie de Lezay échut à son beau-frère Hugues II de Coloigne.
Le nouveau seigneur participa, jusqu’à la prise de Thouars, en 1372, à toutes les opérations anglaises.
Mais Du Guesclin vint. Avec ses soldats et ceux de Jean de Berry, il obtint la reddition de la plupart des places occupées par les anglais. Après la Mothe et Saint-Maixent, Lezay fut repris par Alain de Bourbon, neveu du connétable.
    Avec d’autres seigneurs du Poitou, celui de Lezay se soumis au roi de France. Il entra dans les bonnes grâces du duc de Berry qui le prit à son service.
     Après Jacques de Coloigne, fils de Hugues, la seigneurie de Lezay passa, un peu avant 1400, aux mains de son cousin Guillaume Odart, puis de Jean de Torsay, seigneur de La Mothe-Saint-Héray, avant d’appartenir aux Beaumont, aux de Rochechouart, aux de Melun, de revenir aux Beaumont et de passer enfin aux Laval, avec Pierre, aîné et chef de la puissante maison des Montmorency-Laval, lesquels la conservèrent jusqu’à la Révolution.
En 1642, Louis XII, pour récompenser Hilaire de Laval de ses bons services, avait érigé la baronnie en marquisat. A sa mort, en 1798, la terre et le château de Lezay revinrent à son petit-fils, le duc de Montmorency-Laval.

La guerre de cent ans

Pendant la Guerre de Cent Ans, le chevalier Moreau Audouin, des environs de Lezay commit, à la tête d’une bande de spadassins cruels et pillards, de nombreuses exactions dans la région.
Le bourg de Sainte-Soline fut incendié et mis à sac. Vançais et Chenay subirent le même sort.
En 1348, la peste et la famine s’ajoutèrent aux horreurs de  la guerre civile. De nombreux Lezéens périrent.

Un seigneur de Lezay décapité à Poitiers

André de Beaumont, seigneur de Lezay, époux de Jeanne de Torsay, au contraire de son beau-père qui avait laissé le souvenir d’un homme de bien, se distingua par de nombreux actes de brigandage. Il obtint, par la force, de sa belle-mère Marie d’Argenton, qu’elle lui lègue tous ses biens, après l’avoir dépouillée de ses bijoux et de son argent et l’avoir enfermée dans une chambre du château de la Mothe-Saint-Héray dont il avait fait murer l’entrée.
Ayant pris parti du connétable de Richemont contre la Trémoille, favori de Charles VII, il fut arrêté, emprisonné à Poitiers et décapité en mai 1431.

Le château

Rien ne subsiste, hormis le souvenir, du château de Lezay. A la fin du XIX siècle, il n’était plus qu’une vaste ruine entourée de triples douves remplies d’eau, rendant difficile l’approche des épaisses murailles qui reliaient les tours encadrant le donjon.
La forteresse s’élevait non loin du bourg à gauche de la route conduisant à Chef-Boutonne.
Au cours de la Guerre de Cent Ans, elle avait résisté à plusieurs reprises aux attaques des anglais.
En 1536 cependant, sa garnison, mal préparée à subir un siège prolongé, dut se rendre et cé­der la place aux assaillants.
Les seigneurs de Lezay, au XVe et XVIe siècles, n’habitèrent pas souvent leur château.
Les Montmorency-Laval, à la fin du XVIe siècle, s’y fixèrent après avoir rendu plus accueillante l’austère demeure délabrée par les guerres. Des travaux d’embellissement y furent réalisés en 1682 sous la direction d’un habile maître maçon, Nicolas Tillon, qui avait édifié l’orangerie du château de la Mothe.
Vendus comme biens nationaux pendant la Révolution, le château et ses dépendances furent acquis par un avocat parisien, Jean Baptiste Chamborre, qui, en 1818, le revendit à un sieur Gorrin, directeur des contributions indirectes à Parthenay.
Le musée lapidaire de Niort possède une tombe provenant de la chapelle du château sur laquelle est représenté, en relief, un guerrier dont la tête est appuyée sur un coussin. On y lit l’épitaphe de Philippe de Melun, chevalier, seigneur de la Borde et de Lezay, conseiller et chambellan du roi, décédé en 1467.

La chatellenie des Marêts

La châtellenie des Marêts s’étendait sur les paroisses de Chey et de Saint-Vincent-la-Châtre. Elle relevait à l’origine de celle de Lezay. Ses seigneurs cherchèrent à maintes reprises à se soustraire à cette dépendance. Finalement, les seigneurs de Lezay acceptèrent que le domaine des Marêts relevât de l’évêque de Poitiers. Le château des Marêts, bâti au XIIe siècle, fut pillé, rasé par les Anglais au cours de la Guerre de Cent Ans puis reconstruit.
Du château des Marêts, en partie détruit pendant la Révolution, subsistent, avec des douves et des bâtiments en fer à cheval, deux tours carrées et deux salles voûtées.

L'église

Construite au XIe siècle, à peu près à l’emplacement actuel des halles, l’église de Lezay dédiée à Saint Médard, dépendait de l’abbaye de Saint-Séverin. La paroisse appartenait à l’archiprêtré de Rom. Endommagée aux cours des Guerres de Religion, elle fut restaurée à partir de la moitié du XVIIIe siècle.
Entre autres chapelles, on y voyait celle que la famille Laval y avait fondée au début du XVIe siècle.
L’actuelle église a été bâtie en 1828.

Réforme

Plusieurs seigneurs des environs de Lezay adoptèrent la Religion Réformée. Des prêches rassemblant de 250 à 350 adeptes de Calvin se tinrent à diverses reprises en la maison noble de Boissec.
Lors de la révocation de l’Edit de Nantes, on enregistra, à Lezay, 250 abjurations obtenues par la force.
Les dragons du roi y séjournèrent en 1689, 1692, 1693 1698 et 1699. Ils se livrèrent à de multiples excès chez les réformés, contraints de loger et de nourrir ces indésirables « missionnaires bottés ». Les persécutions s’atténuèrent après la mort de Louis XIV.

Les premières écoles

En 1668, l’instituteur Antoine Denis enseigne dans le bourg la lecture et l’écriture. En 1877 la première école publique s’ouvrit à Lezay avec seulement une fille et douze garçons.

Vive la république !

Loin des sanglantes confrontations entre royalistes et républicains qui ruinèrent le nord du département, la plus grande partie de la population de Lezay accueillit favorablement le changement de Régime.
De multiples manifestations marquèrent l’avènement de la Première République ; mais des réquisitions souvent lourdes furent imposées aux habitants.
En juillet 1790, Lezay, auquel la Révolution venait de faire perdre son marquisat et sa châtellenie, se mit sur les rangs pour obtenir une justice de paix, mais l’Assemblée Constituante l’attribua à la ville de Melle.
Le 7 novembre 1831, et par ordonnance royale, le chef-lieu de canton fut transféré de Chenay à Lezay.

Le prieuré de Saint-Médard

Il n’est question nulle part dans l’histoire de Lezay d’un château. Et pourtant dans des archives personnelles de certains lezéens, on trouve une photographie sur laquelle on voit le château en question, dont une partie subsisterait, et abriterait la Poste. Ce bâtiment aurait été détruit pendant les guerres de religion et aurait été reconstruit. Sur le cliché, on distingue le clocher de ce qui devait être une chapelle.
(Concorde du 18/07/86 et Courrier de l’Ouest d’octobre 1966)

LEZAY 4 548 hectares, comptait au XIXe siècle 1693 habitants (2 146 aujourd’hui). En 1804, on trouvait à Lezay, six moulins à eau et trois à vent, un haras de chevaux, mules et baudets, des carrières, deux huileries.


Bibliogr. : Maurice POIGNAT, Le Pays Mellois, Michel Fontaine, Poitiers, 2001.